Les écrans et le sommeil
Dans notre quotidien moderne, les écrans occupent une place omniprésente. Tablettes, télévisions, ordinateurs et smartphones font partie de l’environnement de la plupart des familles, et les enfants y sont exposés dès leur plus jeune âge.
S’ils peuvent avoir des usages éducatifs ou ludiques, une utilisation excessive — surtout en soirée — peut altérer la qualité et la quantité de sommeil. Comprendre leurs effets et adopter des habitudes équilibrées est essentiel pour préserver le bien-être de l’enfant.
Une exposition qui commence tôt et dure longtemps
Depuis 2020, la crise sanitaire a accéléré l’augmentation du temps d’écran chez les enfants. Les fermetures d’écoles, les confinements et le télétravail ont conduit de nombreux foyers à recourir davantage aux écrans comme moyen d’occupation ou de distraction. Ces habitudes se sont souvent maintenues, même après le retour à un rythme de vie plus normal.
Les données récentes montrent des durées d’exposition largement supérieures aux recommandations :
0 à 2 ans : environ 3h10 par jour.
3 à 6 ans : environ 3h40 par jour.
7 à 10 ans : environ 4h42 par jour.
11 à 14 ans : environ 8h42 par jour.
15 à 17 ans : environ 10h24 par jour.
Ces chiffres dépassent de loin les conseils de santé publique, qui préconisent l’absence d’écran avant 2 ans, puis une utilisation limitée et accompagnée par les parents.
Les effets de la surexposition sur le sommeil
L’usage prolongé des écrans, en particulier avant le coucher, agit sur le sommeil de plusieurs façons :
Perturbation du rythme circadien : la lumière bleue émise par les écrans retarde la sécrétion de mélatonine, l’hormone qui prépare le corps à dormir, et peut décaler l’endormissement.
Stimulation cérébrale excessive : les images rapides, les sons et l’interactivité entretiennent l’éveil et compliquent la phase d’apaisement nécessaire au sommeil.
Impact émotionnel : certains contenus peuvent générer excitation, anxiété ou cauchemars, affectant directement la qualité du sommeil.
À long terme, une exposition importante est aussi associée à un sommeil plus court, plus fragmenté et de moins bonne qualité.
La technoférence parentale
L’impact des écrans sur le sommeil des enfants ne se limite pas à leur propre usage. L’utilisation excessive par les parents peut aussi influencer la qualité de la relation et, indirectement, le sommeil.
On parle de technoférence parentale lorsque l’attention du parent est détournée par un écran au détriment des interactions avec l’enfant.
Ces interruptions peuvent réduire la qualité des échanges, affecter le développement du langage chez les plus petits, ou fragiliser la régulation émotionnelle chez les plus grands.
Montrer l’exemple, en limitant ses propres écrans, renforce la connexion et favorise un climat familial apaisé.
Recommandations pour limiter l’impact sur le sommeil
Les objectifs ne sont pas d’atteindre un “zéro écran” irréaliste, mais de promouvoir un usage raisonné et adapté à l’âge.
Voici quelques repères simples :
Avant 2 ans : éviter totalement les écrans.
Pas d’écrans dans les 2 heures avant le coucher.
Jamais d’écran dans la chambre.
Privilégier le co-visionnage pour accompagner et commenter les contenus.
Adapter la luminosité et choisir des contenus calmes le soir.
Pas d’écran le matin avant l’école ni pendant les repas.
Limiter les jeux vidéo et l’accès libre à internet selon l’âge.
Éteindre la télévision quand personne ne la regarde pour éviter le bruit de fond permanent.
En résumé
Les écrans font partie de notre environnement, mais leur usage, surtout en soirée, peut perturber le sommeil des enfants. La régulation passe autant par la gestion du temps d’exposition que par la qualité des contenus et l’exemplarité parentale.
Préserver le sommeil, c’est aussi préserver la santé, l’humeur et la concentration de l’enfant.
Les effets des écrans sur le développement psychologique des très jeunes enfants : une revue critique
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Blue light has a dark side – Harvard Health
https://www.health.harvard.edu
Parents, enfants & numérique
Observatoire de la parentalité & de l’éducation numérique (s. d.)
Temps d’écran de 2 à 5 ans et demi chez les enfants de la cohorte nationale ELFE
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https://www.santepubliquefrance.fr/docs/beh-n-6-2023
Exposition aux écrans des enfants de moins de 3 ans dans La Manche : pratiques et information des parents
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https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32098734/
Le sommeil des enfants de moins de 10 ans et leurs parents
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Technoference: Parent Distraction With Technology and Associations With Child Behavior Problems
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