Le sommeil de la naissance à 4 mois
Les premiers mois de vie d’un bébé sont souvent qualifiés de « quatrième trimestre ».
Cette expression illustre bien à quel point cette période est une prolongation de la grossesse : l’enfant, encore en pleine maturation, poursuit son adaptation à la vie extra-utérine, et ses parents apprennent à répondre à ses besoins tout en découvrant leur nouveau rôle.
Durant ces semaines, le sommeil d’un nourrisson est très différent de celui d’un enfant plus grand ou d’un adulte. Il est irrégulier, se déroule sur de courtes périodes et se cale sur un rythme « à la demande ». La journée et la nuit n’ont pas encore de signification pour lui. Il alterne ainsi phases de sommeil et d’éveil sur des cycles de deux à quatre heures, parfois plus rapprochés, parfois plus espacés, en fonction de ses besoins physiologiques.
Un rythme de sommeil et d'éveil bien différent
À la naissance, le cerveau du bébé n’est pas encore capable de distinguer le jour de la nuit. Son sommeil suit un rythme ultradien, fait de courtes séquences répétées tout au long des 24 heures. En moyenne, un nouveau-né dort entre 14 et 16 heures par jour, mais cette estimation cache une grande variabilité : certains dorment à peine huit heures, d’autres plus de vingt, sans que cela soit forcément signe de problème.
Les cycles de sommeil sont courts – environ 50 à 60 minutes – et composés principalement de sommeil agité, au cours duquel bébé peut bouger, grimacer, sourire ou même ouvrir les yeux tout en dormant. Ce sommeil actif occupe près de 60 % de son temps de repos et peut surprendre les parents qui s’attendaient à un sommeil calme et immobile. Le sommeil calme, plus profond, ne représente qu’un tiers environ de ses nuits et siestes.

Le besoin fondamental de proximité
Après neuf mois passés au chaud, bercé et contenu, le nouveau-né recherche instinctivement les sensations qui l’ont rassuré in utero : la chaleur, le contact, les bercements, les bruits sourds, la succion. C’est ce que décrit le concept du « continuum », popularisé par Jean Liedloff, ou encore la notion de « quatrième trimestre ».
Dans de nombreuses cultures, on favorise la proximité physique constante : peau à peau, portage, allaitement ou biberon à la demande, cododo sécurisé… Ces pratiques répondent à ses besoins physiologiques et affectifs, et facilitent son endormissement. Contrairement à certaines idées reçues, porter, bercer ou dormir à proximité de son bébé ne crée pas de “mauvaises habitudes” ; cela construit au contraire une base solide de sécurité affective.
Repérer le moment propice pour le dodo
Le secret d’un endormissement plus facile réside souvent dans le respect du bon timing. Les premiers signes de fatigue – bâillements, regard fixe, frottement des yeux, agitation soudaine – sont autant de signaux à saisir. Attendre trop longtemps peut entraîner une fatigue excessive, rendant l’endormissement plus difficile : bébé s’agite, pleure et semble “lutter” contre le sommeil, alors qu’il est simplement trop fatigué pour se laisser aller.
Si la tentative d’endormissement s’éternise au-delà de 15 minutes sans progrès, il vaut mieux faire une pause : un moment de portage, un massage, un temps calme à observer ou écouter, puis reproposer le sommeil un peu plus tard.
La mise en place progressive du rythme jour/nuit
Entre le deuxième et le quatrième mois, l’enfant va acquérir un rythme nycthéméral (distinction jour/nuit), c’est-à-dire une alternance d’éveil le jour et de sommeil la nuit. Ce processus est naturel et lié à la maturation cérébrale ; il ne peut pas être précipité. Cependant, certaines habitudes peuvent le favoriser :
Offrir de la lumière naturelle même pendant les siestes et de l’interaction en journée.
Réduire les stimulations le soir : lumière tamisée, gestes calmes, voix douce.
Maintenir un environnement apaisant la nuit, même lors des réveils.
Peu à peu, les périodes de sommeil nocturne s’allongent, et les phases d’éveil diurne deviennent plus régulières.
Entre deux et quatre mois : une phase de transition
Cette période est souvent riche en bouleversements : les cycles de sommeil se modifient, le sommeil agité devient du sommeil paradoxal, et le sommeil calme se divise en sommeil lent léger et sommeil lent profond. Les temps d’éveil s’allongent, parfois accompagnés des premières acquisitions motrices ou de poussées dentaires. Ces changements peuvent entraîner des nuits plus agitées ou des siestes plus courtes.
Il est important de garder en tête que cette évolution est normale et nécessaire. Plutôt que de chercher à “régler” le sommeil, l’accompagner en respectant les besoins de proximité, en observant les signes de fatigue et en maintenant un environnement rassurant permet de traverser cette étape plus sereinement
En résumé
De la naissance à 4 mois, le sommeil du bébé est imprévisible mais parfaitement adapté à son développement. Répondre à ses besoins, maintenir la proximité et instaurer progressivement des repères doux favorisent une transition harmonieuse vers un rythme plus régulier dans les mois suivants.
Il est important de garder en tête que cette évolution est normale et nécessaire. Plutôt que de chercher à “régler” le sommeil, l’accompagner en respectant les besoins de proximité, en observant les signes de fatigue et en maintenant un environnement rassurant permet de traverser cette étape plus sereinement