Le sommeil de 4 à 18 mois

Entre 4 et 18 mois, le sommeil de l’enfant évolue considérablement, tout comme son développement global. C’est une période passionnante où le rythme circadien se consolide, où les siestes se réorganisent et où la curiosité prend souvent le pas sur l’envie de dormir. Cette tranche d’âge voit aussi apparaître l’anxiété de séparation, une étape normale mais parfois déstabilisante, ainsi que de grands bouleversements liés aux acquisitions motrices, aux découvertes sociales et à l’introduction d’un mode de garde.

Des journées plus rythmées, mais toujours en mouvement

Dès 4 mois, l’enfant commence à trouver un certain équilibre entre ses phases d’éveil et de sommeil. Les cycles s’allongent progressivement, passant de 50 à environ 70 minutes. La structure de ses journées se dessine peu à peu, mais reste ponctuée de changements liés à son développement.

Entre 4 et 6 mois, la plupart des bébés passent de 4 à 3 siestes : une le matin, deux l’après-midi. Les siestes sont souvent courtes – 30 à 45 minutes – et c’est seulement lorsque la pression de sommeil augmente, après la disparition de la sieste de fin de journée (vers 6 à 10 mois), qu’elles tendent à s’allonger.

Vers 9 mois, une nouvelle restructuration des cycles survient : le sommeil paradoxal se place désormais en fin de cycle, et les phases de sommeil lent se stabilisent. Cela facilite l’enchaînement des cycles, surtout en début de nuit mais aussi pendant les siestes.

Entre 12 et 18 mois, la plupart des enfants passent à une sieste unique, souvent en fin de matinée ou après le repas. Les perturbations physiologiques se font moins nombreuses, mais cette période marque une étape clé d’autonomie et d’exploration. L’enfant marche souvent, grimpe, parle davantage, réclame, s’affirme… autant de stimulations qui peuvent retarder le moment du coucher ou le rendre plus agité.

Quand le besoin d’exploration prend le dessus

De 4 à 18 mois, le sommeil n’est plus la priorité absolue. L’enfant veut s’éveiller, découvrir, interagir. Chaque nouvelle compétence – se retourner, ramper, se mettre debout, dire ses premiers mots – devient une source d’excitation qui peut momentanément perturber les nuits et les siestes.

Cette phase est aussi marquée par la diversification alimentaire, les poussées dentaires, les transitions de siestes et l’intégration d’un mode de garde. Chacun de ces changements peut se répercuter sur le sommeil, parfois de façon temporaire mais notable.

Instaurer un rythme régulier

Après 6 mois, il devient important de ne plus se reposer uniquement sur les signes de fatigue, qui peuvent être plus difficiles à lire : certains bébés les montrent trop tôt, d’autres trop tard. Un rythme stable d’un jour à l’autre aide à réguler le sommeil et à réduire les difficultés d’endormissement ou les réveils prolongés la nuit.

Cela passe par :

  • Des horaires de lever et de coucher relativement fixes.

  • Des temps d’éveil adaptés à son âge et à ses capacités.

  • Un enchaînement de siestes cohérent sur la semaine.

Ces repères stables, soutenus par la lumière du jour et les rituels, consolident le rythme circadien et facilitent l’endormissement.

L’anxiété de séparation : une étape normale

Entre 6 et 24 mois, de nombreux enfants traversent des phases plus ou moins marquées d’angoisse de séparation. Elles durent en général 4 à 6 semaines et peuvent survenir à plusieurs reprises, souvent déclenchées ou renforcées par un changement important : maladie, déménagement, nouveau mode de garde, arrivée d’un frère ou d’une sœur, voyage…

À cet âge, l’enfant comprend qu’il est une personne distincte de ses parents, mais il n’a pas encore acquis la permanence de l’objet : si vous disparaissez de son champ de vision, il croit que vous êtes parti pour de bon. Ce sentiment peut rendre l’endormissement difficile, car s’endormir implique une forme de séparation.

Signes courants :

  • Pleurs intenses au moment de la séparation, y compris au coucher.

  • Refus de rester avec d’autres personnes, même familières.

  • Réveils nocturnes accompagnés d’un besoin marqué de réassurance.

  • Attachement plus fort à un objet transitionnel (doudou, couverture).

Astuces pour l’accompagner :

  • Mettre en place des rituels de séparation courts et constants.

  • Utiliser un doudou ou une odeur familière pour le rassurer.

  • Jouer à des jeux de cache-cache adaptés pour l’aider à comprendre que vous revenez toujours.

  • Éviter de partir en cachette : dire au revoir, même brièvement, est important.

  • Maintenir un ton serein et une attitude rassurante, même si les pleurs sont présents.

Soutenir un sommeil de qualité

Durant cette période, plusieurs leviers peuvent aider à préserver un sommeil apaisé :

  • Des rituels de coucher clairs et apaisants.

  • Un environnement de sommeil constant et sécurisé.

  • Des temps calmes avant la sieste ou la nuit, pour permettre une transition progressive vers le repos.

  • Du contact physique et émotionnel, surtout en périodes de changements ou de régressions.

Les nuits peuvent rester ponctuées de réveils, mais ceux-ci se réduisent souvent à mesure que l’enfant consolide ses repères et que les siestes s’organisent.

En résumé

De 4 à 18 mois, le sommeil se structure mais reste sensible aux grands changements du développement. Les transitions de siestes, l’exploration, l’autonomie naissante et l’anxiété de séparation sont autant de jalons normaux.

Un rythme régulier, une réponse attentive aux besoins émotionnels et un accompagnement bienveillant aident l’enfant à traverser cette période et à trouver un équilibre durable.