Le sommeil de 18 mois à 3 ans

Entre 18 mois et 3 ans, le sommeil de l’enfant se consolide. Les cycles s’enchaînent plus facilement, les réveils nocturnes se font moins fréquents, et les habitudes de coucher s’installent. Pourtant, cette période n’est pas exempte de défis : apparition des peurs nocturnes, affirmation de soi, syndrome de rappel, grands changements de vie comme l’entrée à l’école. Si le sommeil devient globalement plus stable, il reste sensible aux évolutions émotionnelles et sociales.

Un sommeil plus stable, mais pas immuable

Entre 18 mois et 3 ans, un enfant dort en moyenne 10 à 14 heures sur 24 heures, avec la majeure partie du sommeil la nuit (9 à 12 heures). La sieste unique, mise en place autour de 12-18 mois, disparaît progressivement entre 2 et 5 ans selon les enfants.

La qualité du sommeil s’améliore : l’enfant est capable d’enchaîner ses cycles seul, sans intervention extérieure. Toutefois, certaines périodes peuvent apporter des perturbations :

  • Retour possible de l’anxiété de séparation autour de 18-24 mois.

  • Parasomnies comme les terreurs nocturnes ou le somnambulisme.

  • Poussées d’autonomie (“période d’affirmation”) qui s’expriment aussi au coucher.

  • Développement de l’imaginaire, parfois associé à la peur du noir ou des monstres.

  • Changements de rythme liés à l’acquisition de la continence ou à l’entrée à l’école.

Ces étapes sont normales et ne signifient pas que votre enfant “dort mal” : elles traduisent simplement son développement.

Peur du noir et monstres imaginaires

C’est souvent entre 18 et 24 mois que l’imaginaire s’enrichit et que peuvent apparaître des peurs nocturnes : le noir, les ombres, un “méchant loup” ou des monstres sous le lit. Ces peurs ne sont pas systématiques mais, lorsqu’elles surviennent, elles peuvent retarder l’endormissement ou provoquer des réveils nocturnes.

Pour les apaiser, il est important de :

  • Valider la peur : ne pas la minimiser, même si elle paraît disproportionnée.

  • Rassurer par la présence et la parole : rappeler que vous êtes proche, disponible si besoin.

  • Adapter l’environnement : veilleuse douce à lumière rouge, absence d’ombres étranges, accès à une petite lampe de poche.

  • Renforcer la confiance : laisser l’enfant vérifier par lui-même, l’accompagner à “chasser les monstres” de manière ludique.

  • Structurer le rituel du soir : lecture rassurante (éviter les histoires effrayantes à ce moment), luminosité qui baisse progressivement.

Ces peurs s’estompent souvent vers 3-4 ans, à mesure que l’imaginaire devient plus maîtrisé et que la confiance en soi grandit.

Le syndrome de rappel : quand le coucher s’éternise

Entre 18 mois et 6 ans, beaucoup d’enfants traversent une phase où l’heure du coucher devient un véritable marathon d’excuses : une histoire supplémentaire, un dernier verre d’eau, un câlin “oublié”, un besoin urgent d’aller aux toilettes. Ce syndrome de rappel traduit souvent un besoin accru de contact et d’interaction avec le parent, et fait partie du développement social et émotionnel.

Pour y répondre avec bienveillance tout en préservant le sommeil :

  • Maintenir un environnement de chambre apaisant : lit placé de manière à voir la porte, jouets rangés pour limiter les tentations.

  • Instaurer un rituel clair et constant, avec un ordre d’étapes immuable.

  • Éviter les activités physiques intenses ou les stimulations trop fortes en fin de journée.

  • Inclure un moment de connexion émotionnelle dans le rituel (massage, câlin, respiration calme, échanges sur la journée).

  • Expliquer calmement vos attentes et les règles, sans en faire un sujet de tension récurrent.

Des stratégies ludiques pour encourager la coopération

Rendre le coucher agréable et prévisible augmente l’adhésion de l’enfant. Quelques idées :

  • Tableau de rituels : l’enfant coche chaque étape accomplie (pyjama, dents, histoires, câlin à doudou).

  • Choix des livres : deux histoires, choisies par l’enfant parmi une sélection rassurante.

  • Trois moments positifs : avant de dormir, évoquer ensemble trois choses agréables vécues dans la journée.

  • Tableau de récompenses : coller une gommette les soirs où l’enfant suit le rituel sans rappels excessifs, avec une petite récompense symbolique au bout d’un certain nombre.

Ces outils doivent rester ludiques et non contraignants, pour éviter toute pression inutile.

En résumé

De 18 mois à 6 ans, le sommeil gagne en régularité et en autonomie, mais reste étroitement lié aux évolutions émotionnelles, sociales et cognitives de l’enfant.

Les peurs nocturnes, le syndrome de rappel et les grands changements de vie font partie du chemin. Un cadre sécurisant, des rituels constants et une écoute bienveillante sont vos meilleurs alliés pour soutenir un sommeil serein.